[Présidentielles2017] On fait l’bilan

Le 7 mai 2017, a été élu en tant que huitième président de la cinquième République française, Emmanuel Macron. Certains diront que c’est le résultat d’une campagne médiatique rondement menée, que les milliardaires possédants les divers grands médias [2] ont su imposer leur candidat. À moins que ce ne soit le candidat qui a su utiliser habilement le système médiatique français [3]. D’autres diront que c’est parce qu’il incarne le renouveau politique, bien qu’Emmanuel Macron ait été  le conseiller de François Hollande et qu’il ait été derrière de nombreuses lois décriées comme, par exemple, la Loi El-Khomri, publiée en août 2016.

Cependant, le but de cet article n’est pas de s’interroger sur les raisons du pourquoi et du comment est-ce qu’Emmanuel Macron a bien pu remporter ces élections. Dans le doute, nous allons plutôt partir du principe que la vision d’une politique pro-entreprise et pour l’auto-entrepreneuriat reste majoritaire en France, ou plutôt que c’est la vision qui paraît la plus « utile » au peuple français. Dans cet article on va plutôt s’intéresser à deux faits marquants qui sont apparus lors de ces élections.

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Un rejet des partis « classiques »

Au regard des résultats officiels du premier tour [1], on peut voir une montée en force de partis, ou mouvements, tels que la France Insoumise, avec 19,58% des voix exprimées, ou En Marche, qui a remporté le premier tour avec 24,01% des voix exprimées. Des partis que l’on pourrait qualifier de « nouveaux ». Car, même si les idées qu’ils véhiculent sont loin d’être « nouvelles », ils renvoient tout de même l’image d’une « politique nouvelle ».

On peut aussi citer le Front National, qui est passé au second tour avec 21,30% et qui, bien que n’étant pas un parti que l’on pourrait qualifier de « nouveau », a toujours représenté une sorte d’adversaire des partis plus « classiques ». Une image « d’adversaire de la démocratie » véhiculée en grande partie par les médias. À tel point que Marine LePen a presque eu autant de visibilité dans les médias qu’Emmanuel Macron [4]. Petit aparté ici mais, si ceux qui dirigent notre pays avaient vraiment peur d’un adversaire, est-ce qu’ils seraient plus stratégique pour eux d’en parler tout le temps, ou à l’inverse d’en parler le moins possible, voir s’en moquer ouvertement [5]? Enfin bref, la question peut se poser.

Ainsi, même si le parti Les Républicains, avec 20,01% des voix exprimées au premier tour, est moins en déclin que le Parti Socialiste et ses 6,36% des voix exprimées, ont peut tout de même voir un certain rejet de la part de la population des partis politiques que l’on pourrait qualifier de « classiques ». Partis qui, depuis le début de la cinquième république, n’ont fait que se donner gentiment le pouvoir à tour de rôle ou, à la limite, ont cohabité un certain temps.

Au vu des résultats pour les différents candidats, on peut supposer un ras-le-bol grandissant envers une politique « classique », voire vieillissante. De plus, ces élections ont montré, plus que jamais, que l’axe de comparaison Gauche/Droite qui est utilisé depuis des années, est on ne peut plus obsolète. En effet, si la droite représente le libéralisme, alors l’extrême droite devrait représenter l’extrême libéralisme, or actuellement on classifie  dans l’extrême droite des partis représentant plutôt le nationalisme. Ainsi les citoyens ont besoin d’autres axes de repères afin de se décider dans leur choix, par exemple un axe pro-europe/anti-europe ainsi qu’un axe libéralisme économique/libéralisme humain [6], ou bien un axe écologique/climato-sceptique. Des axes de comparaisons pouvant être utilisés indépendamment ou bien de manière combinés.

Un pourcentage de vote blanc record

Ce ras-le-bol d’une politique « classique » et « vieillissante » se ressent aussi au regard du taux d’abstention chez les personnes inscrites sur les listes électorales [1]. Un taux d’abstention passant de 22,23% au premier tour à 25,44%. Soit près d’un quart de la population inscrite qui n’a pas souhaité exprimer un choix sur l’un des candidats proposés. Certes, certains diront qu’ils ne font pas leur « devoir de citoyen » et que ce ne sont que des « fainéants ». Cependant, avec un taux si important d’abstention on ne peut pas nier que beaucoup s’abstiennent par conviction politique [7][8].

Ce rejet est aussi visible par le taux de vote blanc [1], passant de 1,78% des votes exprimés au premier tour, à 8,52% de votes blancs au second. Un pourcentage de votes blancs dépassant celui des élections de 1969, avec 6,4% de votes blancs au second tour [9], un taux qui n’avait jamais été dépassé jusqu’alors. Élections de 1969 se passant durant une période de grande contestation du système alors en place [10].

En plus de ce taux de vote blanc, il faut aussi prendre en compte le taux de vote nul, passant de 0,78% au premier à 3,00% au second tour. Rappelons que l’on considère un vote exprimé comme nul si le bulletin désigne une personne non candidate, ou si le bulletin n’est pas « propre » (ex. dessins, ratures, déchirures, etc.) [11]. Ainsi, avec un taux de votes nuls de 3,00%, ceux-ci sont probablement faits volontairement. D’ailleurs, certains électeurs, plutôt que de simplement voter blanc ou de s’abstenir, ont préféré s’amuser ou exprimer leur opinion directement [12].

Plus qu’un rejet de certains partis « classiques », les taux d’abstention, de votes blancs et de votes nuls « volontaires », illustrent un rejet grandissant du système politique et électoral dans son entièreté.

Conclusion: Et maintenant, que fait-on ?

Ici, nous n’avons pas pris en compte le vote utile qui, pour lutter contre le Front National, a sûrement permis à Emmanuel Macron de remporter ces élections. Bien que certains organismes, comme Harris Interactive [13], aient tentés de comptabiliser le pourcentage de vote utile pour Emmanuel Macron, ou le pourcentage de vote par conviction pour chaque candidat, de telles statistiques restent compliquées à étudier. Elles se basent sur un nombre trop réduit de participants et sont on ne peut plus subjectifs.

Cependant, simplement au regard des résultats du premier tour, ainsi que des taux d’abstentions et de votes blancs, ont peut comprendre un ras-le-bol grandissant pour cette démocratie qui n’en a jamais été une. De plus, ce que souhaite mettre en place notre nouveau président, comme le renforcement de la Loi Travail [14], n’est que la continuité d’une politique pro-entreprises qui dure depuis quelques décennies déjà, et ce en dépit des droits humains.

Alors, que fait-on ? On reste tranquillement dans notre canapé, à râler sur notre gouvernement, en attendant les prochaines élections ? On sort de derrière nos écrans pour descendre dans la rue manifester notre mécontentement, en espérant que ceux qui nous gouvernent en aient quelque chose à faire ?

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Certains mouvements/partis politiques, comme la France Insoumise, prônent une coalition parlementaire opposée à Emmanuel Macron [15], afin que son parti politique, En Marche, n’ait pas de majorité au parlement.  Mais, cela serait-il suffisant ? Certes, avoir une majorité contre la politique du président permettrait une lutte d’opinions plus directe. Mais le problème reste le même, pouvons-nous accorder une totale confiance à cette opposition ? Car des dérives ne sont pas impossibles.

Si un changement doit arriver, il arrivera de nous, le peuple. Alors amis « éveillés », qu’importe nos idéaux, ne dénigrons pas ceux qui préfèrent se laisser porter, car quelles sont les alternatives que nous leurs proposons ? La lutte constante contre un ennemi bien trop puissant ? Une vie isolée loin de ce système, mais aussi loin de leurs proches ?

Se révolter c’est créer. Alors amis créons. Créons des alternatives à ce système tout entier. Des alternatives viables dans la durée et qui ne nécessiteraient pas de s’isoler du reste du monde. Certes, cela sera long, fatiguant, éreintant. La lutte n’a jamais eu pour vocation d’être une chose facile. Mais tout de même, créons. Créons pour que tous ceux qui viendront après nous n’aient pas à trimer autant que nous avons à le faire.

Réapproprions-nous la terre et tout le savoir-faire qui nous a été enlevé, puis industrialisé pour des profits immédiats. Repensons la manière dont nous utilisons notre argent, où va-t-il ? Qui finance-t-il ? Interrogeons et repensons nos habitudes de consommation. Mais surtout, amis, réapproprions-nous la politique, car elle est chose du peuple et n’aurait jamais due nous être enlevée par un petit groupe de personnes ne pensant qu’à leurs propres intérêts.

Références

[1] Résultats des élections présidentielles de 2017, selon le ministère de l’intérieur

[2] Pourquoi 10 milliardaires contrôlent notre information ? – Osons causer, sept. 2015

[3] Emmanuel Macron: bon client ou bon produit ? – Mediapart, mai 2017

[4] Les temps de paroles et d’antennes des candidats à l’élection Présidentielle 2017 – Politologue

[5] Interview de Philippe Poutou – On n’est pas couché, fév. 2017

[6] Libéralisme ou conservatisme… une histoire d’ignorance et de confusion – Hacking Social, fév. 2017

[7] Je suis abstentionniste – Jordanix, avr. 2017

[8] Je ne vote pas. Pourquoi ? – Dany Caligula, déc. 2015

[9] Historique des votes blancs en France – Wikipédia

[10] Élection présidentielle française de 1969 – Wikipédia

[11] Vote nul – Wikipédia

[12] Présidentielle: les bulletins nuls les plus insolites – France Bleu, mai 2017

[13] Motivations de vote des électeurs pour l’élection présidentielle 2017 – Harris Interactive, avr. 2017

[14] Code du travail, chômage, retraites : ces réformes prêtes à êtres dégainées après les élections législatives… – Les moutons enragés, juin 2017

[15] Discours à la convention législatives de la France Insoumise – Jean-Luc Mélenchon, mai 2017

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